Pékin

RUES DE PÉKIN

En août 2008, tous les yeux furent braqués vers la Chine et sa capitale, Pékin, qui accueillait les Jeux Olympiques.

Pour les préparer, plus d’un an durant, les autorités transformèrent la ville de Pékin pour qu’elle se conforme à une certaine image. Une mégapole au comble de la modernité, prospère et développée.

Or Pékin c’est d’abord une ville historique, une ville grise, un ancien fief impérial. S’y abritent depuis des siècles des traditions et des coutumes populaires. C’est cette ville que l’on découvre.

Des aspects qui ont étés gommés ou chassés par les transformations urbaines : petits métiers (cordonniers, coiffeurs, vendeurs ambulants), traditions (calligraphie, oisellerie, Tai-chi, échecs…), marchés et lieux emblématiques (la Cité Interdite, la place Tian’anmen, le parc de Beihei).

Un voyage dans un Pékin aujourd’hui disparu…

Les épisodes

ÉPISODE 1 : PETITS MÉTIERS
petits métiers

Aujourd’hui, on compte de nombreux petits métiers dans les rues de Pékin.

« La Chine ouvrit progressivement le marché dans les années 80. Les premiers à en bénéficier furent les paysans, libres de fixer les prix d’une partie de leur récolte en fonction de l’offre et de la demande.
Puis les premières « professions libérales » virent le jour. A savoir… les réparateurs de vélos et les cordonniers ! Tous les 100 ou 200 mètres, on peut trouver un vendeur ambulant, un coiffeur, un réparateur ou un cordonnier.

Pour quelques Yuans et en quelques minutes, une chambre à air est regonflée, un trou de semelle rebouché ou une tête est tondue.  Une grande partie de l’économie chinoise repose encore sur cette économie parallèle, ce « Système D ». Mais face à la fulgurance du progrès industriel et technique, avec l’accès à la grande consommation, pour combien de temps encore verra-t-on ces artisans dans les rues de Pékin ? Persisteront-ils juste pour amuser les touristes occidentaux ?… »

Pablo Tréhin-Marçot

La Chine est une des civilisations les plus anciennes : 4 à 5000 ans d’histoire et de traditions.

« Depuis moins d’une trentaine d’année, les bouleversements économiques et sociaux changent la donne, transformant le mode de vie des chinois. Dans une mégalopole comme Pékin, les mutations sont fulgurantes. Les vieux pékinois font perdurer les traditions. Ils les vivent. Calligraphie, oisellerie et antiquités sont autant d’héritages d’un temps passé. Un temps encore palpable quand on passe un moment avec eux et qu’on les accompagne dans un état presque méditatif… »

Pablo Tréhin-Marçot

Les mingongs

On les appelle les Mingongs, les « ouvriers-paysans ».

« Ils débarquent des campagnes lointaines, leurs sacs de toile remplis à ras bord, et le cœur plein d’espoir. Très vite on leur assigne un boulot. C’est souvent à la terre qu’ils retournent. Ils ne bêchent plus pour semer, mais pour percer des canalisations. Peu familiers des technologies modernes, ils prennent ma caméra pour un appareil photo et prennent la pose… »

Pablo Tréhin-Marçot

Un marché comme un autre.

« Un marché où on vend, on achète, on échange. Les “kuai” (ou Yuans) circulent et on marchande… Ce marché en bords de rails m’est apparu au détour d’une longue marche. Le décor, les locomotives et le soleil couchant créaient une atmosphère presque éthérée, au delà du temps. Pourtant le marché ne se trouvait pas en lointaine banlieue mais en plein Pékin, à quelques pas du 2ème périphérique… »

Pablo Tréhin-Marçot

parc

Le parc de Beihei au petit matin.

« On fait de l’exercice, de la relaxation, de la méditation, on chante, on danse… Le parc semble être un lieu où on expulse les tensions, les frustrations de la ville. Dans ce lieu vert et spacieux, à l’ombre des bâtiments anciens, c’est comme si on se trouvait dans une bulle. Une bulle placée au centre même de Pékin. »

Pablo Tréhin-Marçot

enfants

En 1980, le gouvernement chinois instaure la « politique de l’enfant unique ».

« C’est un contrôle stricte des naissances pour lutter contre la surpopulation. Les couples se soumettent à la loi, sous peine de recevoir de lourdes sanctions et amendes. Seuls les parents issus des minorités sont autorisés à avoir plus d’un enfant. On assiste donc à une génération sans frères ni soeurs, littéralement. Pourtant, il y a quelque chose de très fraternel dans les relations entre enfants et entre jeunes. Comme ces deux enfants à la fin de l’épisode. La notion de fraternité n’est pas qu’une question de liens du sang… »

Pablo Tréhin-Marçot

Hutongs

Le terme Hutongs désigne les ruelles anciennes et typiques de Pékin.

« Elles circulent entre des bâtiments séculaires, les Siheyuan ou maisons à cours carrées. Ces vieux quartiers de Pékin, généralement populaires, subissent de grandes transformations. Les vieilles bâtisses laissent place aux constructions modernes. Une population aisée vient remplacer la population d’origine qui est relogée dans des immeubles en périphérie où elle trouve l’eau courante et autres commodités. La question des Hutongs est un problème épineux. Nombre de bâtiments sont insalubres et méritent d’être “réhabilités”. Malheureusement cette réhabilitation s’est trop souvent faite au profit des promoteurs et sans continuité avec la tradition. »

Pablo Tréhin-Marçot

Chants

Ces chants collectifs gagnent les avenues, les places, les parcs…

« Pékin est une des rares mégalopoles où l’on peut voir un large groupe investir la rue pour chanter en coeur. Accompagnés d’un orchestre, d’un simple accordéon ou par une bande enregistrée, les chanteurs entonnent à pleins poumons des “tubes” de la chine populaire. Nos guinguettes des bords de Marne font aujourd’hui partie du passé. Elles étaient pourtant bien vivaces il y a 50 ans à peine… »

Pablo Tréhin-Marçot

tian'anmen

Avec ses 39,2 hectares, c’est la plus grande place du monde.

« Une chanson apprise par tous les écoliers chinois dit : « L’amour de la patrie commence par l’amour de la place Tian’anmen ». La place attire chaque année de nombreux chinois qui assistent au lever ou au coucher du drapeau (calés sur le lever et le coucher du soleil). Ici, les militaires en parades paraissent plutôt inoffensifs. Comme ce jeune soldat souriant… Gardons à l’esprit que Tian’anmen est également tristement célèbre pour ses répressions sanglantes, notamment celles de printemps 1989. Pour filmer la place il faut normalement demander une autorisation 3 jours à l’avance en stipulant le contenu du film (ou du reportage) et du commentaire. J’ai eu la chance de passer à travers les mailles. En outre, c’est, comme d’habitude, sans commentaires… »

Pablo Tréhin-Marçot

Le sport est un domaine stratégique en termes économiques et politiques.

« 1984 : La date de la première participation de la Chine aux Jeux Olympique succède de peu à celle l’ouverture du pays à l’économie de marché. En 2006 (20 ans plus tard), la Chine est classée troisième nation sportive après les Etats-Unis et la Russie (et elle détrône la France). Ces enjeux sportifs se retrouvent sur le territoire national et particulièrement dans les écoles, les universités et dans le monde du travail. On retrouve également le sport dans les rue de Pékin. Gymnastique et tennis de table sont les deux sports « chouchous » de la Chine (championne dans le domaine). Ce sont justement ces deux sports que nous trouvons dans cet épisode. Ce qui m’a particulièrement intéressé ici, c’est l’aspect communautaire de la pratique sportive et la cohabitation de 3 générations dans un même espace… (voir Lao She). »

Pablo Tréhin-Marçot

Les chinois seraient des joueurs invétérés.

« On leur doit l’invention de plusieurs jeux de société sophistiqués dont les échecs chinois, le jeu de go, le mah-jong… L’épisode se concentre sur les échecs chinois. Deux joueurs s’affrontent dans une joute acérée où astuce et intimidation se mêlent. Le jeu devient un vrai spectacle. Les joueurs sont passionnés et ils entraînent avec eux les spectateurs qui ne tardent pas à prendre part au jeu… jusqu’à bouger les pièces de l’échiquier ! »

Pablo Tréhin-Marçot

Plusieurs millions de touristes étrangers visitent Pékin chaque année.

« D’après l’Organisation Mondiale du Tourisme, la Chine sera la première destination du monde d’ici une dizaine d’année. Pékin est également la destination fétiche des chinois eux-mêmes. Ce voyage est souvent LE voyage d’une vie pour certains chinois venus des campagnes.Ils traversent les lieux touristiques vêtus des couleurs de leur groupe (casquette comprise) et suivent le fanion d’un guide nonchalant. Ce dernier épisode de RUES DE PEKIN se déroule à la Cité Interdite, un des derniers vestiges du vieux Pékin.
Dans ce lieu impressionnant de par sa taille et de par les années d’histoires qu’il évoque, Chine moderne et Chine ancienne sont mises en présence… Pour le meilleur et pour le pire ! »

Pablo Tréhin-Marçot

Le DVD

Retrouvez les 12 épisodes de la web-série visibles sous forme d’un film documentaire de 82 minutes en DVD, réalisé par Pablo Tréhin-Marçot.

Qualifiés de « Bulles pékinoises » (Métro), de « Portrait d’un Pékin en voie de disparition » (L’Express) et comparés au travail d’Antonioni (Technikart), le DVD ressort le 6 mai 2014 !

Suite au succès de la série sur le net et grâce au soutient des « fans » de la série, une première édition DVD a été rendue possible en 2009. Elle a permis aux spectateurs de découvrir (ou redécouvrir) la série, de visionner les épisodes sous forme d’un film complet et d’accéder aux bonus réalisés à l’occasion de cette édition qui s’est intégralement vendue.

La réédition du DVD se fait en association entre Le Laboratoire du Cinéma (éditeur) et Arcadès (distributeur), et en partenariat avec l’hebdomadaire Courrier International, les sites Rue 89 et Chine Informations, ainsi que la plateforme Dailymotion sur laquelle la web-série est toujours disponible.

L’aventure RUES DE PEKIN se prolonge donc dès le 6 mai 2014. Elle s’est initiée en dehors des sentiers battus, à Pékin d’abord puis vis-à-vis de la production française traditionnelle. Mais elle a pourtant rencontré son public qui a aujourd’hui l’occasion de s’élargir encore grâce au support DVD.

En bonus : 6 séquences supplémentaires d’une durée totale de 13 minutes.

Les notes du réalisateur

« Il m’est étrange d’évoquer le tournage de RUES DE PÉKIN. Cette période me paraît si loin et si proche à la fois…

En 2007, sur une intuition et avec quelques économies en poche, je suis parti à Pékin pour un mois.
J’avais lu un article du Monde qui parlait des tranformations titanesques opérées sur la ville en vue des Jeux Olympiques d’été 2008. J’étais très curieux, je bouillais de voir par moi -même comment un géant change de tête.

Et je n’ai pas été déçu. Hébergé en plein centre de Pékin dans un quartier encore populaire, j’ai vu les environs se transformer de jour en jour. Ainsi, la voie qui bordait mon auberge de jeunesse était à mon arrivée, une route de terre sèche poussiéreuse et sombre. Elle était devenue à mon départ, un boulevard bitumé, éclairé et bardé de commerces.

J’ai été happé par cette ville et l’énergie qui s’en dégageait. Dans les rues du matin jusqu’au soir, curieux de tout, j’ai tenté de filmer les changements que je constatais. Face à cette fièvre : il y avait des moments de calme, des îlots à l’abri du tumulte et de la modernité galopante. C’est la matière qui constitue RUES DE PÉKIN. Gestes de la vie quotidienne, traditions, bruits et atmosphère spécifiques à cette ville chargée d’histoire.

Je suis rentré comblé. Dans les mois qui ont suivi mon retour, le traitement médiatique des JO m’a décidé à proposer une autre vision de la ville. C’est ainsi qu’en parallèle des Jeux j’ai proposé, chaque semaine, un épisode de RUES DE PÉKIN aux internautes sous forme d’un webdocumentaire.

L’expérience s’étant avérée un succès (plus de 100.000 visionnages et des retours entousiastes) le film est sorti en DVD en 2009. Une première édition aujourd’hui épuisée qui explique cette ressortie. Le film qui vous est proposé n’a pas été remonté. Il garde sa forme originelle, avec ses imperfections et son énergie de l’époque.

Je vous souhaite un bon visionnage et une bonne visite dans les rues de Pékin ! »

Pablo Tréhin-Marçot

Flyer de la réédition du DVD de RUES DE PÉKIN

La revue de presse

Le journal des chercheurs
journal des chercheurs - 30 mai 2009
Article de Pierre Haski - Rue89 - 29/05/2009
technikart - mai 2009

En attendant le prochain…